Directeur de la Revue française de science politique, Jean-Luc Parodi analyse les effets du projet de loi modifiant les modes de scrutin.
La réforme du scrutin régional prévoit que, pour se maintenir au second tour, une liste doit obtenir au moins 10 % des inscrits. Cette disposition est-elle juste ?
Ce projet de loi modifiant le scrutin régional comporte un bon principe, un excès, une contradiction et des effets pervers. Fabriquer un pouvoir stable, clairement identifié aux yeux des électeurs, me paraît sain. C'est la même logique que celle de la loi électorale en vigueur pour les élections municipales. En revanche, organiser une consultation à deux tours qui conduit à l'élimination d'un certain nombre de forces minoritaires est contraire à cette même logique. Le principe des municipales favorise la diversité au premier tour que l'on organise par la fusion des listes lors du second. Or, avec le seuil fixé à 10 % des inscrits soit près de 20 % des suffrages exprimés pour se maintenir, une liste qui fait un score inférieur ne peut pas négocier correctement sa fusion. Elle est pratiquement condamnée à choisir entre la fusion inéquitable et la disparition. Dans ces conditions, je ne suis pas sûr que les électeurs votent au second tour pour la liste dominante.
De l'avis de ses auteurs, ce projet de loi vise à établir le bipartisme en France. Qu'en pensez-vous ?
Il ne faut pas confondre bipolarisation et bipartisme. En vue de l'établissement d'une grande coalition, la bipolarisat