Lille, envoyé spécial.
«Pour l'instant, on est un peu dans le brouillard.» Comme David, jeune socialiste lillois, les militants du Nord sont déchirés entre les hésitations de la maire de Lille, Martine Aubry, la fronde du premier fédéral, Marc Dolez, qui s'érige en porte-parole de la base, et les vains appels au rassemblement de Pierre Mauroy. Pourtant, du choix que feront les 10 000 adhérents de la fédération du Nord, l'une des plus grosses du parti, peut dépendre l'issue du congrès de Dijon.
Depuis le 21 avril, les langues se délient et les vieilles frustrations d'une fédération jusque-là monolithique font surface. Pour Michaël, animateur du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), qui dénonce le «poids des barons», «la colère grondait depuis longtemps». Delphine, 34 ans, militante à Haubourdin, dans la banlieue lilloise, salue le vent nouveau : «Il y a comme une libération de la parole. Dans le climat actuel, c'est un devoir de débattre et de refaire de la politique. Il faut que Dolez aille jusqu'au bout.» Quitte à bousculer les équilibres internes. «Aujourd'hui, si les contributions étaient mises au vote, Dolez l'emporterait très largement», estime Nathalie, enseignante et adhérente lilloise.
Profitant de cette ambiance frondeuse, une escouade de jeunes trublions remporte un succès croissant depuis septembre 2001. Cumul des mandats, parité, renouvellement des dirigeants, les revendications de ce groupe, baptisé Doukonva («Où va-t-on» en ch'ti), recoupent celles de la contrib