Au royaume des faux-culs, Nicolas Sarkozy est-il le roi ? Dans la majorité, rares sont ceux qui ont accepté d'endosser la paternité du projet de loi modifiant les scrutins régional et européen. Trop de coups à prendre. Nicolas Sarkozy, lui, a défendu sans état d'âme le texte dans l'hémicycle. Un de ses prédécesseurs à Beauvau, Jean-Pierre Chevènement, affirmait : «Un ministre, ça ferme sa gueule, ou ça démissionne.» Coutumier du fait, il s'était notamment appliqué cette maxime en quittant le gouvernement Jospin, à l'été 2000, pour ne pas avoir à soutenir un texte sur la Corse.
Nicolas Sarkozy a choisi, lui, de ne pas l'ouvrir. Ou alors mezzo voce, en se répandant discrètement depuis plusieurs semaines pour exprimer son «désaccord». Et en particulier avec la disposition visant à élever à 10 % des inscrits le seuil nécessaire pour qu'une liste puisse se qualifier au second tour des régionales. Une modification qui vise clairement l'UDF, une alliée potentielle que Sarkozy pourrait vouloir ménager en prévision d'un affrontement futur avec Alain Juppé.
Pas convaincu par cette réforme, le ministre de l'Intérieur n'a, apparemment, pas cherché à en infléchir la rédaction. Il a encore moins refusé de la défen dre. Et il a pris soin d'évacuer toute éventualité de démission.
Habileté. C'est ce qu'un dirigeant de l'UMP appelle, ironiquement «le talent». «Sarko peut défendre tout et son contraire, poursuit le même. C'est le point commun qu'il a avec Chirac. Peut-être le seul.» Mais essentie