Piégé en plein numéro d'équilibriste, voilà François Bayrou obligé de rentrer dans le rang majoritaire. Dans le discours qu'il doit prononcer samedi matin à l'Assemblée nationale, le président de l'UDF confirmera son refus de censurer le gouvernement, après le dépôt d'une motion par le PS, le PCF et les Verts. Il devrait cependant dresser un sévère réquisitoire contre le projet de loi, allant jusqu'à remettre en cause sa constitutionnalité. Le leader centriste rappellera aussi que l'UDF, favorable à la représentation proportionnelle, entend représenter les Français qui ne se reconnaissent pas dans les deux partis dominants, UMP et PS.
Avec le PS. Autant de griefs qui ne suffisent pourtant pas, selon Bayrou, à quitter la majorité. En utilisant mercredi l'article 49.3, Raffarin a cherché à mettre de l'ordre dans son camp. Une stratégie d'autant plus efficace que Bayrou, dans le même temps, s'est fait déborder sur sa gauche. «On s'était mis d'accord avec le PS pour déposer 1 000 amendements chacun, raconte un député UDF. En déposant 8 000 amendements, dont certains étaient franchement farfelus, les socialistes ont permis au gouvernement de justifier le 49-3.» Résultat, en poussant Raffarin à mettre fin au débat, le PS a pu prendre l'initiative d'une motion de censure pour reprendre son rôle de principal opposant. Et l'UDF, tout comme le député vendéen Philippe de Villiers, ont fait son retour dans le giron gouvernemental.
Non sans une certaine amertume. Vendredi, Philippe Augier,