Le moteur tourne déjà, le bulldozer UMP va montrer sa pleine puissance. La gauche se retrouvera seule samedi à voter la censure du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, l'UDF ayant choisi de rester dans le camp de la majorité (lire ci-dessous). Et le projet de loi sur les modes de scrutin des régionales et des européennes, dénoncé par l'ensemble des formations politiques hors UMP, sera de facto adopté par l'Assemblée nationale. Le Premier ministre pourra passer à autre chose, se replonger dans ses dossiers. Et surtout tenter de faire oublier son coup de force qu'il qualifie de «soubresaut politique», comme il l'a confié à Libération.
Jean-Pierre Raffarin aurait-il montré son vrai visage en recourant jeudi au 49.3 pour imposer son texte sans débat ? C'est ce que martèlent ses adversaires de l'UDF. En utilisant une arme dont Lionel Jospin avait refusé de se servir pendant cinq ans, le Premier ministre a donné l'image d'un homme brutal et fermé. L'inverse de ce qu'il s'est efforcé de paraître depuis neuf mois. Depuis sa nomination à Matignon, il se décrit comme un «fils de mai» et jure avoir tiré les leçons du 21 avril qui a vu Jean-Marie Le Pen accéder au second tour de l'élection présidentielle. Prétendant conduire son action en «dehors des idéologies», Jean-Pierre Raffarin se fait fort de prôner la recherche du consensus et du dialogue. Il met sa rondeur et sa bonhomie naturelle au service de sa démonstration. En une journée, il a écorné la photo.
Costume. En brandissant le 49