C'est le match de ce début d'année : Jean-Claude Trichet contre les communes de France. D'un côté le gouverneur de la Banque de France, qui veut réorganiser son réseau de succursales, de l'autre les maires de province, qui s'arc-boutent sur l'emploi et l'aménagement du territoire. Au milieu, le gouvernement, juge et partie, se serait bien passé d'un tel combat.
Tout commence le 7 février, lorsque la Banque de France rend public un rapport de son secrétaire général. Yves Barroux préconise un remède de cheval pour la vieille institution un peu mal en point : supprimer pas moins de 105 à 190 succursales sur les 211 qui maillent le territoire national, avec, à la clé, la suppression de 3 000 emplois, sans licenciement vu le statut protégé des agents de la Banque. Objectif : mettre le réseau au niveau européen et redresser la rentabilité de la vieille dame, menacée par la baisse des taux d'intérêts.
«Proximité». L'émoi chez les salariés, en grève le 13 février, était prévisible. Mais la fronde, la plus efficace est venue des élus locaux. C'est que les syndicalistes avaient prévu le coup et noué des contacts avec les associations d'élus. Ainsi Gérard Pelletier, président de l'Association des maires ruraux de France : «J'ai été alerté dès le milieu de l'année 2002.» Maire de Raze (Haute-Saône), le plus en pointe dans ce combat, il a fait passer le mot au socialiste Martin Malvy, maire de Figeac (Lot) et président de l'Association des petites villes. Ces petites villes sont le coeur d