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Libération
Interview

«On ne modifiera pas la loi de 1905»

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Sarkozy revient sur la création d'un Conseil du culte musulman:
publié le 21 février 2003 à 22h28

Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales, est également chargé des cultes. Depuis sa nomination, il a repris, et accéléré, le processus engagé par ses prédécesseurs visant à créer une instance représentative du culte musulman.

Pourquoi un tel déploiement d'énergie autour de la création d'une instance représentative du culte musulman ?

Il faudrait être aveugle pour demeurer passif. La situation de l'islam de France n'est pas bonne. On constate une dou ble incompréhension. Une partie de la communauté nationale craint les musulmans et l'islam. Elle s'interroge de façon parfois idéologique sur sa compatibilité avec la République. De l'autre côté, les musulmans se sentent stigmatisés en tant que musulmans par le regard des autres. Or la réalité, c'est que l'islam est là. Il y a 4 à 5 millions de musulmans en France. Le refus de voir cette réalité en face conduit à l'émergence de l'islam des caves et des garages. Nous avons tout à craindre de cet islam clandestin, car la clandestinité pousse à la radicalisation, alors que l'existence publique pousse à l'intégration et donc à une forme de normalisation. Beaucoup des problèmes que nous connaissons viennent d'une méconnaissance de l'autre ; cette ignorance entretient la peur. Si l'on comprend et que l'on connaît l'autre, on apprivoise sa différence. La tolérance républicaine peut alors prendre toute sa place.

En quoi la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) peut-elle améliorer cette situation ?

Si on ne crée pas le CFCM, on n'a aucune chance de réussir ; si on le crée, ça n'est pas pour autant qu'on réglera tous les problèmes, mais, au moins, on se sera donné les moyens de réuss