Photos satellites, cartes électroniques apposées aux murs, graphiques et statistiques en tout genre, central téléphonique au milieu de la pièce... Le poste de commandement de Venise scrute, minute par minute, l'ennemi. Prêt à mobiliser, à tout moment, une centaine de personnes pour faire face à l'urgence de l'acqua alta, la montée des eaux. «Aujourd'hui, la situation est sous contrôle, mais ce n'est pas tous les jours le cas», constate l'ingénieur Paolo Canestrelli qui jette un coup d'oeil sur les courbes de pression atmosphérique et la force du vent. A proximité du pont du Rialto, le long du Grand Canal, le centre de prévision et de signalisation des marées, qu'il dirige, est depuis vingt ans un des centres névralgiques de la cité des Doges.
Alerte. Unique au monde, cette structure, qui rassemble une quinzaine d'experts, épie l'eau, la lagune et l'Adriatique pour affronter l'acqua alta qui envahit de manière toujours plus fréquente la ville. Depuis la marée exceptionnelle de 1966, qui avait atteint près de deux mètres et submergé pendant plusieurs heures la Sérénissime, Venise est régulièrement placée en état d'alerte. L'adversaire avance chaque année un peu plus, venant lécher les soubassements de la basilique Saint-Marc, l'un des points les plus vulnérables de la ville, plusieurs dizaines de fois par an. «Nous constatons à la fois une augmentation des marées de plus de 1,10 m définies "acqua alta" moyennes qui recouvrent 12 % du centre historique, et d