Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, Marc Lazar, auteur de le Communisme, une passion française (Perrin), analyse le vote des militants du PCF.
Les résultats du scrutin sonnent-ils comme un désaveu de la direction communiste ?
C'est surtout l'expression d'un profond malaise, mais aussi une forme de sanction et des interrogations sur l'avenir. Plus qu'humiliés, véritablement laminés à la présidentielle, les communistes remettent en cause la politique de mutation de Robert Hue, et celle de Marie-George Buffet, tout aussi incertaine. Ce sont donc ceux qui ont des certitudes qui gagnent, ceux qui militent pour un retour au passé et à l'orthodoxie. Nicolas Marchand [ancien patron de la fédération du Val-de-Marne, ndlr] avait parlé de «liquidation» du PCF. Ses propos sont l'illustration de la thèse selon laquelle tout va mal. Il faut donc maintenir la tradition et radicaliser à outrance. En résumé, c'est : «Avançons vers l'avenir en marchant à reculons».
Le PCF est-il encore en phase avec la société ?
Il y a un grand risque de décalage entre la réaction des communistes qui ont voté et celle des autres. Un quart des votants a choisi la tradition la plus dogmatique et, à travers le comité Honecker [qui entend réhabiliter les anciens dirigeants communistes des pays de l'Est, ndlr), associé au texte du Pas-de-Calais, la tradition de la plus grande complicité avec les crimes du communisme. Le reste des adhérents et des électeurs ne va peut-être plus se retrouver dans un pa