Les deux hommes se connaissent par coeur. Ils viennent de la même famille politique (gaulliste), militent dans le même parti (l'UMP), et siègent au conseil régional d'Ile-de-France. Le premier, Roger Karoutchi, préside le groupe depuis cinq ans. Le second, Pierre Bédier, a dû s'éloigner un peu des affaires régionales depuis sa nomination au poste de secrétaire d'Etat aux Programmes immobiliers de la justice. Ces deux seconds couteaux de la Chiraquie ont une ambition commune : prendre en 2004 le siège du socialiste Jean-Paul Huchon à la présidence de la région Ile-de-France, la plus peuplée (11 millions d'habitants) et, surtout, la plus riche du pays, avec un budget de 2,7 milliards d'euros. Voilà pour les candidats déclarés. Mais tous deux savent que leurs prétentions pourraient être douchées par l'ambition d'un troisième : Nicolas Sarkozy, le ministre le plus populaire du gouvernement, qui, de toute façon, ne fera pas son entrée en lice avant l'automne.
«Précampagne». Roger Karoutchi, lui, est déjà parti en campagne. Ou plutôt en «précampagne», dit cet ancien directeur de cabinet de Philippe Séguin, passé depuis dans l'écurie Sarkozy. Karoutchi revendique une «légitimité naturelle» à être candidat, car il conduit depuis six mois une stratégie de harcèlement vis-à-vis de l'exécutif socialiste. Il est même allé jusqu'à demander à l'un de ses élus, Michel Bulté, de rejoindre l'UDF pour rafler les présidences des commissions thématiques du conseil régional. Hier, Bulté a annoncé