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Libération

La délinquance, moins on la voit, plus on la craint

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Une enquête lie le vote sécuritaire à l'insécurité «subjective» plutôt que réelle.
publié le 12 mars 2003 à 21h59

L'insécurité existe, mais les Français l'ont sublimée. Voici, résumée schématiquement, l'une des conclusions d'une enquête sur le comportement du panel électoral français (1) lors de la présidentielle, réalisée pour le ministère de l'Intérieur et le Centre d'études de la vie politique française (Cevipof). Jeune chercheur en sciences politiques, Vincent Tiberj considère que «le niveau d'insécurité objectif n'a pas de relation avec le vote (ou le non-vote)». En revanche, l'«insécurité subjective», elle, influe sur le comportement électoral des citoyens. Autrement dit : ce ne sont pas les actes de violence ou de délinquance réels recensés par les services de police et de justice qui poussent les électeurs à s'exprimer en faveur d'une politique plus ou moins répressive. C'est l'idée qu'ils se font de l'insécurité qui commande le vote sécuritaire.

Sentiment. Pour en arriver là, Vincent Tiberj a enquêté sur les «origines du sentiment d'insécurité». Il a mis en relation le taux de délinquance de voie publique mesuré dans les départements par le ministère de l'Intérieur avec les résultats de l'enquête réalisée auprès du panel électoral français. Les personnes interrogées étaient invitées à faire savoir si elles se sentaient ou non en sécurité. Or, leur nombre varie peu selon qu'elles habitent ou non un département «à risque» (Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Hérault, etc.). De même, l'augmentation de la délinquance n'a guère de relation avec l'évolution de leur sentiment d'insécuri