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Libération

Sens, paradis de l'insécurité imaginaire

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La maire UMP de la ville entretient la psychose.
publié le 12 mars 2003 à 21h59

Sens (Yonne) envoyé spécial

Ronde de police municipale. Chaque nuit à Sens, des individus armés patrouillent à bord d'une Mégane blanche. Le véhicule déambule à vitesse réduite des cités résidentielles à la ZUP, feux de croisement éteints «pour pas se faire repérer». Par qui ? A cette heure tardive, les Sénonais dorment paisiblement. Même les chats sont restés dans leurs paniers. Ils ont intérêt : Marie-Louise Fort, la maire UMP de la ville, a pris un arrêté interdisant leur errance. Idem pour les chiens, les clochards et les mineurs. La ville est calme. Alors, pourquoi ces rondes ? Si ce n'est «pour alimenter le sentiment d'insécurité», comme le soupçonne un magistrat de la ville. Selon la maire de la commune, les choses sont plus simples : les 28 000 Sénonais sont «en danger». A l'en croire, les cages d'escalier sont prises d'assaut par des dealers, les poubelles et les voitures incendiées par des délinquants et le centre-ville envahi par des «sauvageons». Sans parler de ces bandes de Franciliens qui, le week-end venu, viennent s'encanailler, à une heure et demie de la capitale, dans les boîtes de nuit locales.

«Peur au ventre». Pour l'emporter largement en mars 2001 contre la liste du maire PCF, Jean Cordillot (50,8 % au premier tour contre 29,6 %), Marie-Louise Fort avait fait campagne exclusivement sur la sécurité. Dans une ville où le taux de délits (11,41 %) se situe pourtant dans la moyenne nationale, au même niveau que Royan ou Nevers. Deux ans après, elle continue.