Menu
Libération

Le Congrès décentralise la tête ailleurs.

Article réservé aux abonnés
Les parlementaires modifient la Constitution... mais pensent à l'Irak.
publié le 18 mars 2003 à 22h09

«C'est surréaliste», a estimé François Bayrou (UDF). «Dérisoire», a renchéri le socialiste Claude Estier. Voire «irréel» pour le président UMP de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré. Hier, dans les couloirs du château de Versailles, il n'était pas facile de trouver un parlementaire heureux de se trouver là pour réviser la Constitution. Réunis par Jacques Chirac pour voter la loi sur la décentralisation, tous les élus avaient la tête ailleurs, à Bagdad ou à New York, où devait s'ouvrir la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. Michelle Demessine, sénatrice PCF du Nord, arborait même un badge jaune fluo où l'on pouvait lire la phrase de Jacques Prévert «Quelle connerie, la guerre !» En fin de compte, Jean-Louis Debré a lu un bref message rappelant, au nom du Parlement, la «nécessité absolue d'un désarmement de l'Irak par des voies pacifiques».

Goguenard. Drôle d'ambiance pour décentraliser. Jean-Pierre Raffarin est tout de même monté à la tribune, sous l'oeil goguenard de Debré qui, le matin même, avait déclaré : «La décentralisation, ce n'est pas ma tasse de thé, bien qu'elle soit nécessaire.» A quoi le Premier ministre a répondu que «la Constitution de 1958 (rédigée par Michel Debré, père de Jean-Louis, ndlr) a besoin d'évoluer et peut être complétée pour renforcer la démocratie locale». Voilà pour les règlements de comptes entre jacobins et girondins de l'UMP.

«Bazar». Raffarin a ensuite présenté son grand oeuvre, censé conduire à «une République décentralisée et humani