Jean-Pierre Raffarin l'avait glissé sur un air de confidence : «Fillon à Matignon ? Il en a les talents.» Cette indiscrétion calculée, prononcée lors de son voyage en Inde en février, avait des allures de coups de pouce. Face à l'omniprésence de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre rêvait de rééquilibrer son gouvernement en poussant son numéro 3 à l'assaut de son numéro 2. Il a aujourd'hui renoncé. Déçu. Car depuis sa nomination au gouvernement, le ministre des Affaires sociales n'est pas parvenu à se faire sa place en soleil.
«Sans grand charisme». Il a beau avoir dans son escarcelle les dossiers prioritaires pour l'opinion (emploi, retraites), ainsi que le soutien du chef du gouvernement et du président de la République, François Fillon peine à s'imposer. «C'est une personnalité sans grand charisme, admet un conseiller du Premier ministre. Il a toujours été comme ça. Il se débrouille bien, mais peu bruyamment.» Le même concède qu'«il ferait mieux de passer à la vitesse supérieure». En dix mois rue de Grenelle, la popularité du ministre n'a guère progressé. Dans le dernier baromètre Ipsos-le Point, Fillon ne recueille l'assentiment que de 32 % des personnes interrogées, alors que Sarkozy continue de caracoler avec 63 %. Pire, 40 % des sondés n'ont aucune opinion sur lui. Emancipé de la lourde tutelle de Philippe Séguin, cité comme Premier ministrable pendant la campagne présidentielle, Fillon n'est pas parvenu à dépasser sa discrétion. Place Beauvau, un proche du ministre de