Le 9 janvier, Maryse Dumas, «n° 2» de la CGT, est devant sa télévision. Dominique Strauss-Kahn est l'invité de Cent minutes pour convaincre, une émission politique de Fran ce 2. «J'ai cru tomber de l'armoi re, raconte en riant la responsable de la politique revendicative de la CGT. DSK reprenait à son compte notre concept de sécurité sociale professionnelle.»
Alors que s'ouvre ce matin, à Montpellier (Hérault), le 47e congrès de la Confédération générale du travail, l'anecdote illustre ce nouveau paradoxe : à peine sortie de l'orbite du Parti communiste, la CGT nourrit la gauche politique avec ses idées. Au point que certains partis, le PS en premier lieu, n'hésitent plus à piocher dans ce qui apparaît comme une «boîte à idées» de la gauche, un rôle longtemps tenu par la CFDT.
«Coup de chapeau». C'est le cas du concept de «sécurité sociale professionnelle», à peine ébauché et qui fera l'objet d'une résolution au congrès. Depuis 2001, la CGT forge cette revendication destinée à répondre à la précarisation du salariat. Elle tourne autour d'une idée simple : garantir des droits «assurant aux salariés un parcours professionnel et un déroulement de carrière, même en cas de changement d'employeurs et de métiers». Ainsi, la CGT a adapté et radicalisé des propositions d'Alain Supiot, professeur de droit social, d'inspiration plutôt «sociale-libérale» et tenant de l'«économie transitionnelle» (1). «Cela prouve qu'on regarde la société», commente Pierre-Yves Chanu, conseiller confédéral