Officiellement, ce n'est pas encore la rigueur. Mais cela y ressemble de plus en plus. Par touches, l'exécutif, président de la République en tête, profite du contexte international pour multiplier les déclarations préparant l'opinion à quelques coupes sombres dans les dépenses, assorties de réajustements du côté des prélèvements obligatoires. Dernier à apporter sa note, le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, a juré, hier sur Europe 1, qu'il «écartait pour le moment l'hypothèse d'une hausse de la CSG». Avant de préciser : «Nous verrons le moment venu si nous y sommes contraints.»
La veille, Jacques Chirac s'est livré au même exercice (Libération d'hier). «La baisse des charges sociales et de la fiscalité a contribué à ramener à 44 % le poids des prélèvements obligatoires en 2002» a-t-il rappelé car c'était «nécessaire». Et cette baisse est «déjà un progrès sur un chemin qui doit être poursuivi dans toute la mesure de nos moyens, de vos moyens».
Objectifs révisés. Cette condition mise à la poursuite de la baisse des prélèvements n'est pas sans rappeler l'intervention télévisée du 26 octobre 1995, quand Jacques Chirac avait prétendu avoir «un peu sous-estimé les difficultés» pendant sa campagne présidentielle. Malgré une économie «bonne et saine», la France avait «mal géré ses finances», avait ajouté le Président. Bref, il était temps d'entrer dans la rigueur budgétaire, de réduire les déficits, et de redresser les comptes de la Sécurité sociale. Deux mois plus tard, les