Psychodrame et thérapie de groupe. Déchirés comme jamais, les communistes ont perdu leur boussole. Personne ne peut sortir satisfait du XXXIIe congrès qui s'est achevé hier à Saint-Denis. «Notre affaire est totalement déconnante», lâche un élu du Nord. «La forme n'est pas terrible, le fond n'est pas extra», soupire un délégué des Hauts-de-Seine. «On est plus nuls que les Verts», proclame un autre. Dans une ambiance irréelle, cacophonique en diable, confuse au possible, les communistes se sont dotés, dans la douleur, d'une direction qui ne tranche pas les débats en cours. «On prend les mêmes et on recommence après négociation entre clans», s'est énervé un délégué. Comme l'a euphémiquement remarqué le directeur de l'Humanité, Patrick Le Hyaric, un proche de la secrétaire nationale réélue hier : «Marie-George va continuer à diriger notre collectif dans des conditions difficiles.»
«Tous ensemble, tous ensemble» : hier matin, c'était le talisman communiste, scandé jusqu'à plus soif dans les travées du congrès. Au bord du divorce, ils ont crié leur envie de se retrouver après plusieurs heures de discussion heurtée. Depuis fin février, ils savent que le texte d'orientation de la direction est faiblement majoritaire (55 % des voix), alors que les «orthodoxes» et les «conservateurs» ont obtenu 45 % pour leurs deux projets. Coup de semonce pour Marie-George Buffet. Comment représenter ces sensibilités sans tomber dans les travers des courants ? Récit de 48 heures de déchirements.
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