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Libération
Interview

«L'incroyable opacité des pensions du public»

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publié le 17 avril 2003 à 22h52

La Cour des comptes remet aujourd'hui à Jacques Chirac son rapport sur les retraites des fonctionnaires. Les larges extraits déjà publiés (Libération d'hier) ont suscité de nombreuses réactions. Selon Jean-Paul Delevoye, ministre de la Fonction publique, «le procès fait aux fonctionnaires est injuste, mais le procès au système, lui, est juste». Entretien avec Bernard Brunhes, président du cabinet de conseil en relations sociales, Bernard Brunhes Consultants.

Le rapport de la Cour des comptes révèle-t-il vraiment des pratiques inconnues ?

Ce que montre la Cour des comptes, c'est surtout l'incroyable opacité du système des retraites des fonctionnaires. En fait, on en connaissait déjà l'essentiel. Les mécanismes mis au jour dans le rapport ne sont pas des «privilèges», venus d'on ne sait où, mais le fruit de nombreuses négociations. C'est ainsi que certaines catégories ont obtenu la possibilité de partir à 50 ans ou 55 ans (service actif), à la suite de conflits, dont les résultats, à l'époque, furent publics. Mais la vraie difficulté, c'est que, comme sous l'Ancien Régime, dans la fonction publique on ne revient jamais en arrière. C'est une des différences de fond avec le privé. Depuis les années 1980, dans les entreprises privées, on a peu à peu abandonné l'idée qu'une négociation devrait forcément amener un plus. On est passé à une culture du «donnant donnant». Dans le public, on n'ose pas encore remettre en cause des acquis, même si ceux-ci ne se justifient plus, ou sont deve