Menu
Libération
Interview

«La dynamique électorale de 2002 n'a pas disparu»

Article réservé aux abonnés
publié le 21 avril 2003 à 22h54

Chercheuse au Cevipof (Centre d'étude de la vie politique française), Nonna Mayer juge que le FN peut encore conquérir de nouvelles franges de l'électorat.

Le 21 avril 2002, Le Pen a-t-il fait le plein de ses voix ? Ou dispose-t-il encore d'une marge de progression ?

Une des forces de Le Pen est de progressivement diversifier son électorat. Désormais, il réalise à peu près le même score, entre 22 % et 23 %, chez les agriculteurs, les commerçants et artisans, les employés et les ouvriers. En revanche, il reste très bas chez les cadres supérieurs et les professions intermédiaires (respectivement 13% et 11 %). Un bon indicateur de son potentiel électoral consiste à inverser la question en demandant aux électeurs quels sont les partis pour lesquels ils excluent de voter. En 1984, 52 % déclaraient qu'ils ne voteraient FN en aucun cas. En 1988, après les propos de Le Pen sur les chambres à gaz, «point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale», ils étaient 65 %. Aujourd'hui, ce chiffre atteint 72 %. A contrario, cela signifie donc que 28 % des Français n'excluent pas de lui donner un jour leur suffrage.

Certains de ces renforts potentiels l'ont-ils rejoint dès le deuxième tour de la présidentielle ?

Il y a eu un étonnant chassé-croisé. Sur 100 électeurs qui avaient voté Le Pen le 21 avril, 16 ont préféré Jacques Chirac le 5 mai et 7 ont choisi de s'abstenir. Mais leur défection est compensée par l'apport d'un tiers de nouveaux électeurs qui n'avaient pas voté pour lui au