Nancy, envoyée spéciale.
Nicole Creusot, professeure d'histoire dans un établissement privé de Nancy, adhérente de la CFDT depuis dix-sept ans et membre du PS depuis un peu plus d'un an, s'est toujours sentie «plus à l'aise dans le syndicalisme qu'en politique». Mais elle ajoute : «Aujourd'hui, je me sens plus proche de la position du PS que de celle de la CFDT.» A la télévision, elle a vu le congrès du PS, debout, ovationner Bernard Thibault, le leader de la CGT : «ça ne m'a pas choquée. J'approuvais ce qu'il disait.»
Comme Nicole Creusot, la plupart des socialistes de Meurthe-et-Moselle n'ont «rien compris» à l'accord si rapide et si peu unitaire donné le 15 mai par François Chérèque à François Fillon. Et dans cette Lorraine habituée à un long compagnonnage entre le premier parti de gauche et la centrale réformiste, l'«incompréhension» est douloureuse. Car longtemps, ici, cédétistes et socialistes ont cheminé de concert. Les premiers avaient rejoint les seconds avec Michel Rocard, il y a trente ans, lorsque tout un pan de la «deuxième gauche» avait adhéré au PS lors des Assises du socialisme. Jacques Chérèque, père de, figure tutélaire de la CFDT Lorraine, fut le parfait symbole de cette osmose : ancien métallo, l'ex-numéro 2 de la CFDT est devenu préfet chargé de la reconversion de la Lorraine en 1984, ministre de la République en 1988 (chargé de l'Aménagement du territoire et des Reconversions industrielles), puis élu socialiste au conseil régional.
«Choc émotionnel». Fin d