Conseiller aux affaires intérieures à Matignon de 1997 à 2002, Alain Christnacht vient de publier son récit du processus de Matignon (1). Il apporte sa caution à la démarche de l'actuel gouvernement.
«On revient au processus de Matignon via la place Beauvau», écrivez-vous en commentant l'action de Nicolas Sarkozy. En Corse, la droite fait-elle mieux que la gauche ?
Les discussions de Matignon ont été voulues et conduites par Lionel Jospin, en complément de sa politique de rétablissement de la légalité républicaine dans l'île. L'assemblée de Corse en a approuvé les conclusions ; puis le Parlement a voté la loi du 22 janvier 2002. Alors dans l'opposition, M. Sarkozy avait expliqué dans son livre Libre pourquoi il soutenait cette démarche. Revenu aux responsabilités, il a appliqué cette loi et choisi d'engager aussitôt une seconde étape, dont le principe avait été posé. Jospin a donc ouvert la voie : ce n'était pas le plus facile. M. Sarkozy poursuit dans cette voie. Il y faut aussi du courage.
A vous lire, on sent que cohabitaient deux lignes à Matignon. Vous sentez-vous responsable de la démission du gouvernement de Chevènement ?
Lorsque Lionel Jospin avait tranché, il n'y avait plus qu'une ligne. Il a présidé deux réunions avec les élus de Corse, en présence des ministres concernés. Après la seconde, en avril 2000, le directeur du cabinet de M. Chevènement, le préfet de Corse et moi-même avons été chargés d'animer de nouvelles réunions avec les élus, pour approfondir les réflexions engagées. Nous avons contribué à rapprocher leurs positions, conformément au mandat que nous avions reçu. Nous avons alors rendu compte du point où les discussions étaient parvenues. Le Premier ministre a ensuite arrêté les orientations à transmettre aux élus de Corse. M. Chevènement en a désapprouvé