Saint-Denis de la Réunion
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Même le piton de la Fournaise n'a pas apprécié les déclarations de Luc Ferry, jeudi devant le congrès de la Peep, sur la «situation presque insurrectionnelle» qui régnerait à l'île de la Réunion, nécessitant l'appel éventuel aux «forces de l'ordre» : le volcan s'est brutalement réveillé vendredi, au lendemain du commentaire du ministre.
L'éruption n'a duré que trois heures, un soubresaut sans commune mesure avec le mouvement de colère qui paralyse ce département d'outre-mer de l'océan Indien. Pour les grévistes de l'Education nationale, cela fait longtemps que «volkan la pété». Deux mois qu'ils protestent contre la décentralisation et la réforme des retraites ; que la majorité des 200 000 élèves n'a plus cours ; que des manifestations monstres déroulent leur cortège aux quatre coins de l'île.
Choqué. Une situation explosive, exceptionnelle, mais pas insurrectionnelle : pas de barricade dans les rues, pas d'affrontement physique. Aussi les propos de Luc Ferry ont-ils choqué les Réunionnais, dont la mémoire est toujours marquée par une «réelle insurrection», celle de 1991. Les émeutes du Chaudron, un quartier populaire de Saint-Denis, avaient fait huit morts. «Le ministre a perdu son sang-froid en tenant ces propos inadmissibles et disproportionnés», s'indigne Claire Le Lay, professeure et porte-parole de la coordination départementale, très active aux côtés de l'intersyndicale de l'Education (Unsa, FSU, CGTR, Sgen, CFDT, FO). «Brandir ains