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Libération

Un député béarnais teste l'acoustique de l'hémicycle.

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L'UDF Jean Lassalle a entonné un chant local en pleine séance.
publié le 4 juin 2003 à 23h15

Et soudain, du haut de la travée UDF, une voix, grave et sonore, est montée. «Si quanti io que quanti quanti pasterio...» Aqueros mountanos, une mélodie béarnaise, qui rappellera des souvenirs de colo. Au perchoir, Jean-Louis Debré, le président de l'Assemblée nationale, est devenu cramoisi : «Asseyez-vous ! Veuillez cesser ! Asseyez-vous !» Jean Lassalle, député centriste des Pyrénées-Atlantiques, a continué une bonne minute, debout, droit comme un i, ému. Quand Debré a menacé d'envoyer un huissier, il s'est tu.

«J'ai été berger, mon frère est berger, mon père était berger.» Elu de la cuvée 2002, Jean Lassalle était un discret. «Comment il s'appelle, lui ?», a demandé Debré en se tournant vers ses administrateurs. Désormais, son visage sera connu. Une vraie gueule des cimes : front saillant, sourcils épais, regard perdu dans le lointain. Et un sacré culot, qui a pris de court Sarkozy.

«Humiliant». Car c'est avec le ministre de l'Intérieur que le député avait une affaire à régler. Une affaire de gendarmes. Et de gendarmettes. Pour surveiller le tunnel du Somport, situé sur sa circonscription, on lui avait promis 25 gendarmes. Les pandores sont venus, mais se sont installés 50 kilomètres plus bas dans la vallée. Motif : les épouses n'auraient pas supporté l'ennui d'un casernement aussi reculé. De quoi énerver le berger : «C'est humiliant. Cela veut dire qu'il y a des zones de non-vie.»

Hier, le différend est devenu public, en chanson. Nicolas Sarkozy s'apprêtait à répondre sur