C'est un jeu d'intox qui dure depuis le lancement de la réforme Fillon des retraites. D'un côté le gouvernement qui affirme à longueur de semaines que les régimes spéciaux, qui règlent notamment les pensions à la RATP, la SNCF ou la Banque de France, ne sont pas menacés par la réforme. Façon de désarmer des conflits dans les transports publics susceptibles de bloquer la France comme en 1995. De l'autre, des syndicats qui, en dépit de ces assurances, appellent à la grève de façon répétée depuis le 13 mai. La présidente de la RATP, Anne-Marie Idrac, et le PDG de la SNCF, Louis Gallois, avaient adressé une première fois, le 23 mai, des lettres, visées par le ministère des Transports, à l'ensemble de leurs agents pour leur jurer que rien ne sera modifié avant la fin de la législature en 2007.
Mais ces garanties ne rassurent personne. «Si on continue la grève, c'est aussi au nom du principe de précaution, explique Jean-Christophe Le Duigou (CGT). Personne ne croit ces manoeuvres qui visent à nous calmer.» La seconde lettre envoyée hier aux cheminots par Louis Gallois n'a guère eu d'écho : il réaffirme que leur régime spécial de retraite «ne fait pas partie de la réforme actuellement en cours». Et que «le gouvernement a confirmé que la solidarité nationale continuerait à s'appliquer pour couvrir le déficit démographique hérité du passé du régime». Seule la CFTC a embrayé en levant hier le mot d'ordre de grève. Une quarantaine de dépôts ont, en revanche, voté la suite du mouvement.