Elle n'a pas encore gagné dans la rue mais la «révolution sociale» possède déjà sa grand-place dans le parc du château de Presles (Val-d'Oise). Sur fond de mouvement social contre le plan Fillon sur les retraites, Lutte ouvrière ouvre samedi sa traditionnelle fête dans le cadre champêtre de cette demeure de maître, propriété de l'organisation trotskiste. Un rendez-vous annuel ponctué par trois discours de sa porte-parole, Arlette Laguiller. Celle-ci ne manquera pas de fustiger «ces laquais du grand patronat et des riches que sont les ministres» en place, «obligés de remballer leur hargne antiouvrière et de remballer leurs projets», si les manifestations sont assez fortes, comme elle l'écrit dans le dernier numéro du journal de LO.
Nuance byzantine. Dimanche, les mouvements sociaux feront même l'objet d'un débat entre des responsables de LO et de la LCR d'Alain Krivine. Si cette dernière appelle à «la grève générale», LO se veut plus nuancée. Sa direction préfère parler de «généralisation des grèves», calant pratiquement son discours sur celui de la CGT. Une nuance byzantine entre les deux appareils qui «recouvre un réel problème de contenu et de stratégie», constate un responsable de la LCR. «Sur le terrain, lors des assemblées générales, entre nos militants et ceux de LO, il n'y a aucune différence», corrige un militant normand de la LCR. Lutte ouvrière qui rêve d'un mouvement contrôlé par la base, ne tient pas à se trouver entraînée dans le sillage d'un mot d'ordre de grève