Mardi matin, le facteur va distribuer dans toutes les boîtes une missive un peu spéciale : une lettre du gouvernement aux 26 millions de foyers français pour leur expliquer la réforme des retraites. Une opération de marketing coûteuse ­ trois millions d'euros ­ qui se situe à mi-chemin entre la Lettre à tous les Français de François Mitterrand en 1988 et le dépliant sur l'euro envoyé par Bercy fin 2001, mais qui constitue une première pour un projet de loi. Au total, en un mois et demi, le gouvernement a dépensé 11 millions d'euros pour expliquer son texte décrié. Et il reste de la marge, puisqu'un budget global de 15 à 20 millions d'euros a été prévu. Un montant élevé, à la mesure de l'enjeu politique : avec les retraites, Jean-Pierre Raffarin joue tout bonnement son avenir politique.

Une équipe de choc

Signe qui ne trompe pas, un comité stratégique se réunit tous les quinze jours à Matignon pour permettre au Premier ministre de vérifier et valider lui-même le déroulement de la campagne. Une rencontre au plus haut niveau, qui associe François Fillon, le ministre du Travail, Jean-Paul Delevoye, son collègue de la Fonction publique, Dominique Ambiel, le conseil en communication du Premier ministre, mais aussi Raymond Soubie, président du groupe de conseil Altédia, Maurice Lévy, président de l'agence Publicis, ainsi qu'Eric Giuly, ancien directeur général de France 2, ancien PDG de l'AFP, chargé du dossier chez Publicis. La dernière réunion de ce comité remonte au 5 juin après-m