Pourrissement. A l'Assemblée comme dans la rue, le gouvernement n'a qu'une seule stratégie : celle de l'essoufflement de l'opposition sur les retraites. «Nous avons tout l'été devant nous !», affirmait, samedi, un rien bravache, François Fillon. Le ministre aux Affaires sociales, qui s'occupe dans l'hémicycle comme il le peut (lire ci-dessous), répète même qu'il est «hors de question» d'utiliser l'article 49-3 pour mettre fin prématurément aux joutes oratoires. Grand seigneur, il assure que «le gouvernement ne cherche pas à escamoter le débat parlementaire et ne veut pas donner le sentiment qu'il y a une volonté de passage en force».
«Flibusterie». A vrai dire, il y est un peu contraint. Les socialistes ont découvert, en effet, une nouvelle arme parlementaire qui leur permet «de faire durer le plaisir pour nous et les emmerdements pour eux», comme dit crûment un député PS. Ils ont ainsi déposé une palanquée d'amendements avant même l'examen de l'article 1 du projet de loi, qui en compte 81. «Nous avons ainsi provoqué une seconde discussion générale, explique René Dosières (Aisne). C'est bizarre, personne n'y avait pensé auparavant. Mais c'est très efficace.» De fait, les débats ont pris une semaine de retard. Prévus jusqu'à la fin de cette semaine, ils pourraient en fait durer jusqu'au 27 juin. Conséquence immédiate : le report de l'examen de nombreux projets de loi (dont celui sur l'immigration) et la convocation sans doute de deux sessions extraordinaires. L'une jusqu'au 14