Il y a de la revanche dans l'air. Oublié le mouvement de 1995, au terme duquel le gouvernement avait dû reculer sous la pression de la rue. Huit ans plus tard, place à l'expression du «peuple de droite», cette «majorité silencieuse» dont le soutien est revendiqué par le gouvernement. Et ce week-end la droite n'a pas chômé : les discours de la réforme ont cédé la place aux rassemblements contre les grévistes et aux pressions en tout genre pour instaurer le service minimum dans les transports publics.
«Au boulot !» Point d'orgue de cette mobilisation pour les réformes et contre les syndicats : la manifestation organisée hier dans les rues de Paris par plusieurs associations libérales proches d'Alain Madelin (La France qui bosse !, Liberté, j'écris ton nom...), et qui a réuni environ 30 000 personnes, selon les estimations de Libération. Une surprise de taille pour les organisateurs, qui ne s'attendaient pas à une telle affluence. Ni à une telle rage contre les fonctionnaires : «Les cheminots, au boulot !», «Stop à la dictature syndicale», «Blondel, à Cuba !», pouvait-on lire sur des centaines de petites pancartes rédigées à la hâte. «Ras le bol du blocage économique par une minorité syndicale, radicale et surmédiatisée», s'époumonait une jeune fille dans un mégaphone.
Parmi les manifestants, Pascale, 45 ans, DRH dans une entreprise de province, a défilé pour la première fois de sa vie «pour que Raffarin tienne bon sur les retraites». «J'en ai marre d'être bloquée pour aller trav