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Libération
Portrait

Le social, c'est capital

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Denis Olivennes, 42 ans, directeur de la Fnac et ancien de Canal +, archétype du nouveau patron de la gauche libérale.
publié le 19 juin 2003 à 23h26

On naît à tout âge. Pour Denis Olivennes, nouveau patron de la Fnac, c'est peut-être vers 12 ou 13 ans. Années 70, ère des utopies et des expérimentations, au Quartier latin, au coeur de la bourgeoisie intellectuelle. Un père psychiatre, une mère pédiatre puis analyste. Les parents sont séparés, les enfants résident avec leur mère. A tout le moins sur le même palier, dans deux appartements contigus... Autonomie célébrée, indépendance réciproque. Denis, le cadet, n'a de comptes à rendre qu'à sa précocité. Il sera militant trotskiste en culottes courtes, castagneur au nez tordu, goûteur de substances toujours pas licites, flâneur en transgressions qui affolaient moins qu'aujourd'hui, puis se métamorphosera en bête à concours : agrégation de lettres, Normale sup, ENA. Mémoire tendrement ironique de cette libre adolescence : «Ma mère était une lacanienne orthodoxe et une militante féministe qui était dans une logique à ne pas vouloir gâcher sa vie de femme pour des moutards. Pour les vacances, c'était pareil, on ne partait jamais avec elle.»

Devant la réussite sociale de ses trois fils, celle-ci revendique sa façon de faire d'un : «Je vous ai rendu service.» Commentaire amusé de son deuxième qui reconnaît que cela n'avait rien d'une enfance «à la Dickens» : «Elle n'a aucune censure. Elle assume. Preuve d'une analyse réussie.» Lui aussi a tâté du divan : «Ça nous paraissait naturel, c'était un univers familier. C'était une expérience intérieure dont il aurait été absurde de s'exon