C'est l'histoire de fiançailles qui ont tourné au fiasco, d'un flirt intermittent dont ne demeure qu'une profonde amertume. Dans les années 70, le PS et la CFDT furent le couple vedette de la gauche. Il y a un mois et demi, au congrès de Dijon, la rupture a été consommée au grand jour avec le coup de foudre socialiste pour Bernard Thibault. Soldant trois décennies de malentendus, de crises, d'exaspérations réciproques. «La CFDT ? Des idéologues sectaires !», assène Jacques Rigaudiat, ancien conseiller social de Lionel Jospin. «Les socialistes ? Des réformistes honteux», répond froidement Jean-Marie Toulisse, chargé du dossier des retraites à la CFDT. Une rupture peut-être définitive.
Ils furent pourtant publiés, les bans de cette union-là, un week-end de novembre 1974, dans un grand hôtel parisien. Ce jour-là, Jacques Chérèque, Pierre Héritier, Jacques Delors et des centaines de cadres de la CFDT adhérèrent en masse au PS, avec la bénédiction de leur secrétaire national, Edmond Maire. On appela cela les Assises du socialisme. Une initiative de Pierre Mauroy, le social-démocrate du parti. Un autre larron est de la noce : le PSU de Michel Rocard, qui partage avec la centrale d'Edmond Maire l'anticommunisme et l'ouverture aux chrétiens de gauche. En rejoignant le PS, les deux formations ont un objectif commun : en faire un parti capable de prendre l'ascendant sur le PCF et de battre enfin la droite.
Au PS, on évoque parfois les Assises du socialisme avec nostalgie. Le parti y gag