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Libération
Interview

«L'attitude des syndicats favorise les libertaires»

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publié le 28 juin 2003 à 23h35

Directeur de recherches au Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), Jacques Capdevielle analyse les ressorts des mouvements sociaux. Il a publié Modernité du corporatisme aux Presses de Sciences-Po en 2001.

Dans les mouvements sociaux que la France vient de connaître, constatez-vous un regain des idées libertaires ?

Le terme libertaire est trop vaste, trop ambigu. Je préfère parler d'un retour de l'anarcho-syndicalisme, tel qu'il s'est construit il y a tout juste un siècle. Au début du siècle dernier, les syndicalistes révolutionnaires opposaient la sociale à la république. Aujourd'hui, le mouvement se caractérise par un refus du consensus politique libéral, une apologie de la démocratie directe (les délégations) et de l'action directe. La stratégie des anarcho-syndicalistes passait, comme aujourd'hui, par la grève générale. Cette radicalisation du discours comme des actes, nous l'avons constatée dans de nombreux conflits récents. Qu'ils soient sectoriels ­ contre la fermeture d'une entreprise ­ ou plus globaux ­ comme le mouvement contre la réforme des retraites. Au moment des grandes grèves de 1995, déjà, ce renouveau avait été noté.

Qu'est-ce qui différencie cette époque de la précédente ?

En France, il y a toujours eu un fond d'anarcho-syndicalisme. Dans les années 70, il se manifestait dans les «comités de grève». Dans les années 80-90, dans les «coordinations». En 1995, l'unité syndicale se faisait sur la base du métier. Ce printemps, j'ai suivi les manifes