C'est à l'été 1953 que Pierre Poujade, le «papetier de Saint-Céré», prend la tête d'un soulèvement de commerçants et d'artisans de son département du Lot qui protestent contre les agissements du fisc. De manifestations plus ou moins violentes en saccages, le mouvement prend rapidement de l'ampleur et nationalise son influence sous le nom de l'Union de défense des commerçants et artisans (UDCA). Il se lance dans la campagne des législatives de janvier 1956. Nationaliste et violemment antiparlementaire, l'UDCA organise des meetings musclés avec un slogan qui fait florès : «Sortez les sortants !» Poujade y ajoute quelques dérapages : «Les parlementaires ? On les pendra haut et court, question d'économie», ou encore : «Quand on pense qu'il y a, à la Chambre, des pourris de cet acabit, il faudra prendre la grande trique, le grand balai et nettoyer ça d'un coup !» Les poujadistes obtiennent 11,6 % des suffrages et 52 sièges de député. Parmi eux, Jean-Marie Le Pen, 27 ans, «découvert» par Poujade un mois plus tôt. Au Palais-Bourbon, Le Pen prend la présidence du groupe. Mais les deux hommes se brouillent, Le Pen reprochant à Poujade sa «mollesse», notamment sur la guerre d'Algérie. «L'idée d'être au pouvoir effrayait Poujade, a écrit Le Pen. A chaque fois que l'on essaiera de l'y mener, il esquivera ses responsabilités. C'est pourquoi j'ai décidé de ne plus me battre pour cet homme providentiel qui fuyait la providence.» En 1958, le retour de De Gaulle au pouvoir marque la fin de l
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