Ajaccio envoyé spécial
Toussaint Luciani a des doutes. Cet ancien polytechnicien passé par l'OAS, aujourd'hui à la tête du petit Mouvement pour la Corse, rassemblement de corsistes dits de gauche favorables à une large autonomie, met en cause la sincérité des résultats du référendum du 6 juillet. Il vient de déposer un recours devant le Conseil d'Etat. La semaine dernière, les nationalistes de Corsica Nazione avaient déjà déposé un recours en annulation, en dénonçant des «violations» de la loi électorale relative à la propagande.
«Je ne crois pas que le résultat soit le bon», lâche-t-il, fort du «travail de bénédictin» qu'il dit avoir mené sur près de 40 000 votes, avec l'aide de plusieurs autres responsables politiques : Laurent Croce, de la fédération des socialistes de Haute-Corse, François Alfonsi, du Parti de la nation corse, et Robert Feliciaggi, conseiller territorial proche de Charles Pasqua. Toussaint Luciani aurait constaté près de 5 000 irrégularités : erreurs formelles dans la rédaction des procès-verbaux établis à l'issue des dépouillements, «émargements douteux ou à tout le moins suspects, même quand on n'est pas graphologue». Pour preuve, il exhibe une liste d'émargements ou figure trois fois la même signature en face de noms différents ou une série de paraphes sur une autre, tous aussi étrangement ressemblants qu'illisibles. Il assure même avoir recensé des «cas identifiés de gens, environ 1 500, qui n'ont pas voté par procuration et qui ont été émargés sur les