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Libération

Aux racines de l'hospitalité corse

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L'arrestation d'un berger soupçonné d'avoir aidé Colonna provoque l'indignation.
publié le 4 août 2003 à 0h30

Corse envoyé spécial

Ils sont cinq, assis à la terrasse du bar, à l'heure du pastis et de la partie de boules. Un village de l'Alta Rocca, dans le sud de l'île. Les vallées profondes y sont tapissées de forêts denses et cernées de sommets arrogants. L'arrestation de Frédéric Paoli, berger soupçonné d'avoir aidé Yvan Colonna dans sa longue cavale ? Se présentant comme berger lui aussi, Bâti, âgé de 28 ans, ne comprend même pas que l'on puisse se poser la question. «Quoi, un type frappe à ta porte, te demande un bout de pain, et tu refuses ? Ho ! Où on est là ? Moi, quand un randonneur passe devant la bergerie, je lui offre un verre d'eau s'il fait chaud, ou un café s'il fait froid. Et c'est comme ça depuis toujours», affirme-t-il en fustigeant la presse qui parle «de réseau des bergeries, comme s'il y avait quelque chose d'organisé». Les autres approuvent. Jo, beaucoup plus âgé : «Amis, famille, c'est sacré. Le jour où il n'y a plus ça, c'est plus la Corse !» Mais si le fugitif est un criminel recherché ? Petit moment de flottement... Jo, à nouveau : «Un criminel, ça dépend. Il faut savoir s'il est resté dans l'honneur ou s'il est sorti. C'est pas pareil.» Un des hommes, qui jusque-là n'avait rien dit, se lance. «Un curé ou un docteur, vous pouvez pas lui reprocher de garder le secret de ses clients. L'hospitalité, c'est la même chose.» Et, enfin, si l'individu n'est pas corse ? Jo, à nouveau, tranche pour tout le monde : «Pareil. Si on le connaît et qu'il a pas mauvaise réput