Mardyck, Côte d'Opale, zone Seveso 1 : les baigneurs et les ouvriers des usines pétrochimiques voisines partagent le menu du jour, oeufs-mayo, assiette anglaise et glace à la pistache, au Retour de plage, un petit hôtel-restaurant à dix minutes de la mer. 14 heures, les uns reprennent le boulot, les autres enfourchent leurs vélos, parasol et serviettes sur le porte-bagages. Et va pour la balade, dans l'air chargé des senteurs d'hydrocarbures : la petite famille pédale à la queue leu leu, doublée par les 33 tonnes, sur une petite route qui traverse les sites de Copenor, fabricant de plastiques dérivés du pétrole, et de Stocknord, aire de stockage de gaz et de produits chimiques. Il y a bien un vieux panneau «interdiction de circuler sauf service», planté au premier carrefour, que personne ne respecte. Pas l'ombre d'un gendarme ou d'un vigile. On s'arrête pour une petite envie pressante, qu'on soulage à moins de dix mètres des grandes cuves de butane et de propane. La petite équipée passe l'écluse de la Digue, pour enfin arriver à la digue du Braek et à la plage : dix kilomètres de sable fin coincés entre Gravelines et Dunkerque, bordés d'usines classées Seveso, dont Sollac, le plus gros site sidérurgique de France. Chaque week-end d'été, entre 5 000 et 7 000 estivants s'y ruent.
«Pollué des deux côtés». Angélique et Véronique paressent au soleil, avec leurs enfants, juste derrière le terminal gazier, où arrive l'oléoduc venant de Norvège. La zone Seveso qu'ell