Matignon n'aime pas les journalistes indisciplinés. Et n'hésite pas à le leur faire savoir. Françoise Miquel, directrice du Service d'information du gouvernement (SIG), organisme chargé de la communication gouvernementale, a adressé un courrier pour le moins surprenant à Bertrand Eveno, président de l'Agence France-Presse (AFP), pour lui faire part de son «indignation» et de sa «déception» à propos d'une dépêche du 22 août consacrée aux récents déboires politiques de Jean-Pierre Raffarin. Curieusement, la lettre est d'ailleurs datée du 7 août...
Stratégique. Le journaliste incriminé, Frédéric Dumoulin, est accrédité à Matignon, dont il suit l'actualité pour l'agence. Un poste stratégique, puisque ses dépêches sont lues par tous les médias français et étrangers abonnés à l'AFP, et souvent reprises telles quelles par la presse régionale. Dans sa lettre à Eveno, dont Libération s'est procuré une copie, Françoise Miquel lui reproche d'avoir utilisé l'expression «vacance du pouvoir» à propos du silence du gouvernement pendant la canicule. Un «membre de phrase» qui, selon elle, «met gravement en cause l'objectivité du commentaire puisqu'elle retranscrit littéralement les propos du premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande». La lettre s'achève par un menaçant : «Je transmets donc ce courrier au Premier ministre.» A mots couverts, Matignon réclame à l'AFP la tête de son journaliste.
Frédéric Dumoulin est en effet dans le collimateur du gouvernement depu