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Libération

Pierre Poujade ferme sa boutique.

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L'ancien «défenseur des petits» avait lancé la carrière de Le Pen.
publié le 28 août 2003 à 0h45

«Poujado !»: l'invective, synonyme de démagogue et de populiste, est employée à toutes les sauces. Son inspirateur, Pierre Poujade, est décédé hier, à l'âge de 82 ans, dans sa maison de La Bastide-l'Evêque, en Aveyron. C'est lors d'une période de gloire politique aussi fugitive que spectaculaire, remontant à un demi-siècle, que le fondateur de l'Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) a ainsi enrichi le dictionnaire des insultes. En 1953, le «papetier de Saint-Céré», également conseiller municipal de cette bourgade du Lot qui l'a vu naître, prend la tête d'un groupe de commerçants qui s'opposent à la tenue d'un contrôle fiscal. Les contrôleurs renoncent à leur mission et des cohortes de commerçants affluent de départements voisins pour solliciter l'appui de leur nouveau messie.

Poujade crée l'UDCA, qui revendique près de 500 000 adhérents dès 1954. Et dans une France de l'après-guerre qui peine à se moderniser, il s'érige en «défenseur des petits contre les gros», notamment face à l'amorce de la concentration dans la distribution. Aux législatives de 1956, le poujadisme atteint son apogée. A la surprise générale, l'UDCA envoie 52 députés à l'Assemblée. Un succès obtenu à l'issue d'une violente campagne antiparlementaire placée sous le slogan : «Sortez les sortants !»

Pendre. De meetings musclés en violentes envolées, Poujade, agissant aux marges de la légalité, fustige ses ennemis : «l'Etat vampire», la «bureaucratie», ou encore les «apatrides» qui occupent la «ma