Romano Prodi, le président de la Commission européenne, a décroché son téléphone hier et appelé Jean-Pierre Raffarin pour le mettre en garde : le budget français en préparation pour 2004 ne convient pas à Bruxelles. Une fois le coup de fil passé, Prodi a publié un communiqué relatant la teneur de sa conversation avec le Premier ministre français, démontrant ainsi sa volonté de mettre Paris sous pression.
Le président de la Commission se dit alarmé par «les informations qui lui sont parvenues sur les préparatifs du budget 2004 de la France». Sans doute fait-il allusion aux propos d'Alain Lambert, mardi sur Europe 1, programmant le retour des déficits publics de la France sous les 3 % du PIB «à l'horizon 2006». Prodi a insisté auprès de Raffarin pour qu'une solution soit trouvée «dans le cadre des règles du traité et du pacte de stabilité économique», et a demandé la «coopération» des autorités françaises. Et pour bien se faire comprendre, Prodi demande d'être mieux tenu au courant du processus budgétaire français. Hier soir, Jean-Pierre Raffarin pondait son propre communiqué, assurant que la France «ferait preuve de toute sa détermination pour atteindre le plus rapidement possible les objectifs du pacte de stabilité».
Les déficits français ne font pas sursauter qu'à Bruxelles. Le président de la Banque centrale européenne a fait la leçon à la France et l'Allemagne, sans les nommer : «L'histoire nous a appris, a déclaré Wim Duisenberg, que des politiques monétaire et budgétaire