Le Pen n'aime pas les Bruno. Après le «TSM» («Tout sauf Mégret») en vogue il y a quelques années, le président du FN a sonné l'heure du «TSG» («Tout sauf Gollnisch»). A 75 ans, il est résolu à remporter un dernier combat : empêcher Bruno Gollnisch de lui succéder un jour à la tête du parti d'extrême droite. Certes, Le Pen fait encore mine de croire aux «grâces d'Etat», c'est-à-dire à «ces circonstances imprévisibles dans lesquelles des gens inattendus parviennent à se révéler à certaines fonctions». Cinglante ironie. Car sa religion est faite : ce «brave» Gollnisch est décidément bien trop fade pour prétendre un jour s'emparer des rênes du FN. «Bruno ? C'est un très, très gentil garçon, vraiment très gentil, dit-il à Libération. Et il sait faire des choses dont je serais incapable. Par exemple, il professe en japonais, vous vous rendez compte...»
En fait, le patron du FN est persuadé que son actuel second coulerait en peu de temps un fonds de commerce qu'il a mis trente ans à construire. Surtout, Le Pen identifie totalement la boutique frontiste à sa personne. S'il se sait «mortel», il espère que son nom lui survivra. Il entend donc tout faire pour transmettre son bien à la benjamine de ses filles, Marine.
Se faire les crocs. Pour y parvenir, Le Pen veut consacrer l'année qui vient à «lever l'hypothèque» Gollnisch. D'abord en confinant un peu plus son délégué général dans l'ombre : relégué sur le front de la région Grand Est, l'intéressé y conduira la liste FN aux européennes,