Des bruits, des impressions, de jolis souvenirs et un surnom. C'est tout ce qui reste de lui. «L'oiseau de nuit.» Ainsi l'appelaient ses voisins. Les pompiers ont ramassé Jean Couture, le 14 août dernier, en pleine canicule, au 3e étage d'un immeuble en béton de la rue de Dantzig, dans le XVe arrondissement de Paris. Il fait partie de la liste des 57 morts, dressée par la mairie, début septembre. Personne n'a réclamé son corps.
Les bruits, d'abord. Un voisin, au second, dit que Jean «racassait» à son étage. Comprendre : il farfouillait, brassait des affaires chez lui, sur son palier. Quelquefois, il faisait tant de vacarme qu'on frappait à sa porte pour lui dire de baisser le ton. Derrière se tenait un petit monsieur voûté, au visage long, émacié. Il portait des lunettes, une casquette, souvent un bas de pantalon de jogging bleu. Toujours la même veste. Une variante l'hiver : le cache-col. Parfois, il mettait des sacs en plastique sur ses chaussettes. Comme quelqu'un qui vit dehors. Et comme quelqu'un qui vit dehors, il sentait mauvais.
Courriers
Il fallait passer outre pour avoir de lui de jolis souvenirs. C'est un voisin qui le dit. Cet homme avait une démarche «soignée», «cherchait ses mots et faisait de belles phrases, avec de belles tournures». Jean parfois prenait congé en concluant : «Je vais écrire. J'en ai pour trois jours», ajoute une autre dame. Il adorait ça, les lettres et les lettres, aux services sociaux. Ceux qui lui parlaient rapp