Eurosceptiques, les socialistes ? François Hollande a une manière bien à lui de positiver cette interrogation qui malmène actuellement l'identité du PS : «Nos militants ne sont pas coupés de la réalité électorale française», explique-t-il. Autrement dit, quand les Français doutent de l'Europe, les socialistes ont le droit de s'interroger. Leurs leaders, en tout cas, le font comme jamais.
Ce soir, lors d'une réunion du bureau national (BN), ils doivent se prononcer sur un texte rédigé par l'ancien ministre Pierre Moscovici, secrétaire national chargé des questions internationales, sur la Constitution européenne issue des travaux de la convention Giscard. Un projet sur lequel doit bientôt plancher la conférence intergouvernementale. Le PS, lui, adoptera une résolution définitive le 11 octobre, lors d'un conseil national.
La main sur le coeur, tous les socialistes ou presque assurent qu'il est encore trop tôt pour se prononcer sur cette Constitution. Et qu'il sera bien temps de le faire à l'issue des travaux de la CIG. Les mêmes ou presque anticipent pourtant déjà. Résultat, depuis une semaine, la cacophonie règne au PS.
«Lucide». C'est Pierre Moscovici, membre de la convention Giscard jusqu'à la fin 2002, qui a mis le feu aux poudres mardi 23 septembre, via une tribune publiée dans Libération intitulée «Réussir la construction européenne». Le jour même, lors d'un secrétariat national, quelques-uns de ses camarades lui reprochent de se prononcer trop franchement en faveur du «oui»