Menu
Libération
Interview

«Les socialistes hésitent à abandonner le marxisme».

Article réservé aux abonnés
publié le 2 octobre 2003 à 1h12

Invité à plancher dans deux semaines devant la direction du PS sur «la crise de la démocratie», le philosophe Marcel Gauchet veut exhorter les socialistes à rompre avec leur «surmoi marxiste» pour «mieux comprendre le réel».

Le PS reprend la route du pays des idées...

J'espère être contredit, mais je ne me fais pas trop d'illusions sur ce qui peut sortir de cette initiative. Je pense que les socialistes sont sincères dans leur souhait de retrouver le contact avec le terrain des idées, mais je sais les contraintes qui sont les leurs. En 1990, une commission avait mené un travail similaire. Elle avait rédigé un texte, intitulé Un nouvel horizon, très intéressant. Si les socialistes l'avaient lu, ils s'en seraient rendus compte... Et tout ça n'a servi à rien.

Pourquoi ?

Parce que depuis près de cinquante ans, les socialistes hésitent à abandonner le marxisme. Bien sûr, aucun d'entre eux n'est encore marxiste. Mais ils sont toujours gouvernés par une sorte de surmoi marxiste qui les empêche d'évoluer et complique leur rapport au réel. Ce cadre très pesant les met dans une situation infernale. Ils prononcent des discours de congrès enflammés et se contentent d'une pratique neutre. Résultat, soit ils sont des traîtres libéraux aux yeux d'un électorat marqué à gauche, soit ils sont jugés sectaires par tout un électorat flottant, plus modéré. De là, le rare exploit des socialistes : ils sont capables de passer à la fois pour des sectaires et pour des mous !

Il est temps de choisir...

Le 2