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Libération

Exclus et sans-papiers écartés des soins

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Malgré le tollé de l'an dernier, le gouvernement veut réformer l'aide médicale d'Etat.
publié le 14 octobre 2003 à 1h22

C'est ce qui s'appelle de la suite dans les idées. Après une réforme législative avortée, un tollé des associations et des ONG, une pétition signée par des dizaines de milliers de personnes, une reculade de Jean-Pierre Raffarin, puis un projet de circulaire tout aussi controversé, le gouvernement récidive. Il souhaite modifier l'aide médicale d'Etat (AME) dont bénéficient principalement les sans-papiers, et risque de se heurter encore à de nombreuses oppositions. Dans le projet de loi de finances pour 2004, le budget du ministère des Affaires sociales prévoit une réforme de l'AME. Présentée comme une «réforme équilibrée», elle vise «à responsabiliser les bénéficiaires tout en leur garantissant l'accès aux soins». En fait, elle réintroduit le ticket modérateur pour les plus démunis et va limiter les remboursements.

Gadgets. «C'est une régression totale», tonne le président de Médecins du monde (MDM), Claude Moncorgé. «Faire payer des gens qui ont aussi peu de sous, c'est une restriction dans l'accès aux soins.» 150 000 personnes bénéficient de cette aide, qui représente moins de 1 % des dépenses de santé. Un coût estimé par le gouvernement à 600 millions d'euros pour 2003. «Ce sont des mesures gadgets par rapport au budget, et qui pénalisent ceux qui n'ont pas d'argent, pas de mutuelle», s'indigne MDM. De plus, comme tous les précaires (15 % à 20 % de la population), les étrangers sans papiers finissent par se soigner. Mais avec retard. «Une bronchite qui dégénère en pneumonie