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Libération
Portrait

L'émule du pape

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Philippe Barbarin , 53 ans, archevêque de Lyon, inconditionnel de Jean Paul II. Promu cardinal, il entre dans la curie, qui va appeler un nouveau pape à régner.
publié le 21 octobre 2003 à 1h28

Elevé par Jean Paul II au rang de cardinal, il pourrait, comme nombre d'évêques, afficher son sacerdoce avec une certaine pompe. Philippe Barbarin, lui, a décidé de donner à sa vocation la bénédiction de la vitesse et du mouvement. Avec son chandail tricoté maison, ses mains écorchées par une chute en plein sprint et délestées de la traditionnelle bague épiscopale, il ressemble à un moniteur de centre aéré perdu dans l'horizon sans fin des rayonnages de la bibliothèque du salon d'honneur empesé de l'archevêché. Pour illustrer cette dévotion au tempo de la modernité, il arbore avec aisance sa passion pour le marathon et l'informatique, ainsi que sa décontraction vis-à-vis des médias. Presque une hérésie dans cet antique diocèse, toujours honorifiquement baptisé primatie des Gaules. Où, à l'image de la ville, les archevêques (comme feu Albert Decourtray) sont accoutumés à faire assaut de modération, de réserve Des airs de componction aussi cléricaux que bourgeois jusque dans le soyeux du langage. Le nouveau cardinal, lui, rêvait plutôt de rencontrer Sonny Anderson, avant-centre de l'Olympique lyonnais, fameux pour avoir publiquement revendiqué son catholicisme. Las, le Brésilien s'est envolé pour l'Espagne...

Philippe Barbarin parle moderne, donc. Les trésors du lexique chrétien résonnent chez lui d'une assurance martiale. Mais sa modernité n'a rien de novatrice. Elle est marquée au coin de l'orthodoxie de son mentor Jean-Marie Lustiger, cardinal-archevêque de Paris. Une idéolo