Qui a peur du référendum sur l'Europe ? Jacques Chirac. Pour tenter de sonder les convictions et les arrière-pensées de chacun, le chef de l'Etat reçoit depuis lundi à l'Elysée les dirigeants des formations politiques représentées au Parlement. Il achève aujourd'hui son tour d'horizon avec la visite des chefs de file des deux plus importants partis, Alain Juppé pour l'UMP et François Hollande pour le PS. Au terme de cette série d'entretiens, Jacques Chirac n'aura rien appris qu'il ne savait déjà des lignes de fracture sur l'Europe au sein de la gauche et de la droite. Mais il a eu la confirmation que toutes les familles politiques sont d'accord sur un point : la nécessité de consulter directement les Français sur la future Constitution européenne, plutôt que d'en passer par une ratification via le Congrès réuni à Versailles.
La pression est donc sur l'Elysée. Et comme pour l'accentuer, Jean-Pierre Raffarin a estimé, en marge d'un déplacement à Moscou (Libération du 9 octobre), qu'«un vrai Européen ne peut pas ne pas vouloir d'un référendum». Comment dès lors ne pas répondre favorablement à la demande des partis ?
Spectres. Le Président est pourtant loin de partager leurs ardeurs référendaires. Il veut se donner du temps pour trancher une question qui n'est «pas d'actualité», comme il l'a affirmé le 17 octobre. Sur le principe, il n'est pas hostile à un référendum. En juin, à Thessalonique (Grèce), il avait même estimé «logique» que les peuples soient directement consultés sur