Chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences-Po, Vincent Tiberj analyse le poids de l'extrême gauche à la veille du congrès de la LCR.
Le vote d'extrême gauche se caractérise-t-il par une expression antipartis de gauche traditionnels ?
A la présidentielle de 2002, ce vote n'est pas monolithique, mais pluriel. Il n'est ni uniquement un vote protestataire, ni seulement un vote d'adhésion. A peine un cinquième des électeurs de Laguiller ou Besancenot du 21 avril se déclaraient sympathisants de la LCR ou de LO, alors que la moitié d'entre eux se disait proche d'un des partis de la gauche plurielle. Autre indice, les Français proches des organisations trotskistes entretiennent un lien faible avec celles-ci. L'extrême gauche française, malgré son succès au soir du 1er tour de la présidentielle plus de 10 % des voix souffre donc d'un déficit structurel : elle n'a pas réussi à construire avec son électorat un lien pérenne. On trouve à la source du vote Laguiller-Besancenot la conjonction de plusieurs phénomènes : l'expression d'un besoin d'une politique plus à gauche, une sanction à l'égard du gouvernement Jospin. Mais assimiler ce vote à celui d'extrême droite est un contresens, leurs ressorts étant largement dissemblables : le vote d'extrême gauche, en termes de profils politique et idéologique, est très proche du vote de gauche traditionnelle. Ce qui n'est pas le cas pour l'extrême droite et la droite.
Existe-t-il un électorat LCR, un autre LO ?
Plusieurs lignes diffé