C'est l'heure de la pause cigarette. Le moment où les délégués de la Ligue communiste révolutionnaire quittent les débats fumeux de leur congrès jusqu'à dimanche à Saint-Denis pour aller s'enfumer au bar. L'instant où les interrogations existentielles, et électorales, se font jour. En particulier, l'une d'entre elles, récurrente chez les militants de la LCR : l'extrême gauche peut-elle se permettre de faire le jeu de l'extrême droite en refusant d'appeler à voter à gauche au second tour des régionales, même en cas de danger lepéniste ?
«Attitude ambiguë». Songeuses, Sérénade et Pascale en grillent une, puis une autre. La première, originaire d'Egypte, «privée d'emploi», milite à Nantes depuis le 21 avril 2002. La seconde a dix-sept ans de parti derrière elle et travaille dans l'agriculture en Languedoc-Roussillon. Sérénade est dans la minorité hostile à l'accord électoral avec Lutte ouvrière (LO). Notamment parce que les camarades d'Arlette Laguiller refusent de participer systématiquement à un «front républicain» contre le Front national. Pascale, elle, est dans la majorité favorable à l'alliance avec les trotskistes d'en face. «Parce qu'on n'a pas vraiment le choix si l'on veut construire à terme un grand parti anticapitaliste.» Mais l'une et l'autre s'accordent pour «refuser de faire le lit du Front national» et pour «faire barrage au FN, quel que soit le prix à payer». Etrangement, c'est Pascale qui se fait le moins d'illusions : «L'accord avec LO risque d'exploser su