La grogne gagne les bancs de la majorité. Pendant le pont du 11 novembre, les députés ont pris le pouls de leur électorat et le constat revient dans toutes les bouches : les mesures du gouvernement ne sont plus comprises par l'opinion. «Il n'y a pas de rejet, ce n'est pas comme au temps de Juppé, mais le charme s'est fissuré. Les électeurs sont moroses», résume Denis Jacquat, député de Moselle.
Morose ? Ce terme, le chef du gouvernement l'a lui-même employé, hier midi, en recevant à déjeuner des sénateurs UMP : «Je sais que vous êtes un peu moroses, mais gardons le bon cap et poursuivons les réformes.» Pour un peu, il aurait pu se l'appliquer à sa propre personne, lorsqu'il a reconnu qu'il traversait «une période très difficile, la plus compliquée» depuis sa nomination en mai 2002. Il a redit son espoir d'une amélioration rapide de la situation économique, qui permette «d'arriver aux échéances électorales de 2004 dans de bonnes conditions». Une promesse un peu trop floue pour calmer l'inquiétude des députés UMP telle qu'elle s'exprimait hier dans les couloirs de l'Assemblée.
«La mesure sur le jour férié est mal passée. C'était une bonne idée, mais qui a été gâchée par les erreurs de communication. Il faut faire plus de pédagogie», estime Nadine Morano (Moselle). «Je reviens d'une tournée dans ma circonscription, raconte Laurent Hénart (Meur the-et-Moselle). J'ai passé mon temps à expliquer la mesure. Les électeurs ont le sentiment d'avoir été brutalisés. Ils ne sont pas hostil