Les faiseurs d'«autre monde» ont déserté. Eux sont restés. Dans les cités de Saint-Denis et d'Ivry-sur-Seine, les «vrais gens» ont à peine eu le temps de rêver que, déjà la caravane altermondialiste s'est envolée. Pourtant, le secrétariat d'organisation du deuxième Forum social européen (FSE) l'avait promis : pas question de s'adresser à la seule «nomenklatura» mouvementiste, il faut viser large, toucher le plus grand nombre, corriger l'aspect «intello bobo» de la galaxie alter pour y intégrer des catégories plus populaires. D'où l'éclatement du rassemblement en quatre sites (Paris, Saint-Denis, Bobigny, Ivry). Quatre jours durant, cet «élargissement» géographique aura tout juste suffi à effleurer les esprits. Pas encore à les marquer.
Ce que reconnaît bien volontiers Pierre Khalfa (Attac), pilier du secrétariat d'organisation du FSE : «Nous sommes au début de la construction d'un mouvement. Plus on montrera que nous sommes efficaces, capables de proposer des alternatives concrètes aux politiques gouvernementales, plus on touchera les gens.» «L'élargissement, on ne le commande pas d'en haut, ajoute Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole des No Vox. Ce sont les luttes sociales qui feront venir les gens.»
R 'n 'B et shit. Devant le 11 de la cité Gagarine, à Ivry, Omar, Sofiane, Medhi et les autres zonent gentiment entre cage d'escalier et poubelles. Un véhicule de police effectue nonchalamment sa ronde. Elève de première, Omar fait la leçon aux autres. La mondialisation, son prof d'