Exception d'irrecevabilité, question préalable, motion de renvoi en commission : la gauche a utilisé tous les moyens de la procédure parlementaire pour s'opposer au projet de loi de François Fillon portant sur la décentralisation du RMI et la création du revenu minimum d'activité (RMA), un «monstre juridique», selon le socialiste Alain Vidalies (Landes). Le ministre avait pourtant adopté, dès le début de la discussion, une intonation humaniste. «Derrière la question du RMI, nous croisons des trajectoires humaines : on trouve des femmes, des hommes, des familles à la frontière du décrochage social», prévenait François Fillon dans la soirée de mercredi. Mais, très vite, son discours s'est fait nettement plus critique sur le RMI. «Aujourd'hui, notre devoir social n'est pas de flatter une tradition d'assistanat», a-t-il lancé, en soulignant l'existence d'un «clivage (...) grandissant entre ceux qui bénéficient de moyens de l'assistance et ceux qui vivent des revenus du travail». L'argumentaire a fini par irriter la gauche.
«Casse humaine». Hélène Mignon (PS, Haute-Garonne) a mis en garde la majorité contre des propos laissant entendre qu'«il existe un chômage volontaire». Et l'UDF Francis Vercamer (Nord) a pourfendu cette «rumeur dévastatrice» qui met en doute la volonté d'insertion des plus fragiles. La polémique s'est poursuivie tout au long de la journée d'hier. «Vingt-cinq ans de chômage de masse ont provoqué une casse humaine incroyable», a argumenté Patrick Roy (PS, Nord).